Dans les carrières, les oiseaux côtoient les bulldozer

Oiseaux, reptiles et coquelicots s'épanouissent dans les carrières de roche, assurent les industriels du secteur désireux de favoriser la biodiversité dans ces sites et pressés par les écologistes d'en faire plus.

"Nous sommes l'exemple curieux d'une industrie qui favorise la biodiversité", estime Dominique Hoestlandt, président de l'Union nationale des industries de carrière et matériaux de construction (Unicem).

Il a présenté mardi à la presse une étude portant sur 35 carrières de roche massive en France, implantées sur des gisements de calcaire, de granite ou de roche volcanique, révélant que ces sites abritaient de 35 à 55% des espèces animales présentes sur le territoire national.

Au total, 362 espèces animales (oiseaux, reptiles, amphibiens) et 1.092 espèces végétales (coquelicots, roseaux) ont été recensées sur ces sites, selon cette étude réalisée à l'initiative de l'Unicem et de l'Union nationale des producteurs de granulats, sous l'égide du Muséum national d'histoire naturelle.

Une précédente étude lancée en 1995 par l'Unicem avait déjà conclu aux bienfaits des carrières alluvionnaires de roche meuble pour la biodiversité.

Les espèces qui se sont adaptées à des sites façonnés par des perturbations naturelles, comme les plages de gravier de la Loire, colonisent les carrières, explique le professeur Bernard Frochot, président du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de Bourgogne.

Fronts de taille, carreaux, bassins et remblais constituent en effet des habitats proches de ceux des milieux rocheux naturels.

Ainsi, le Grand corbeau, chassé des falaises littorales par la pression touristique, et le Hibou grand-duc, un des plus grands rapaces nocturnes d'Europe, ont trouvé refuge dans ces milieux d'apparence souvent aride.

Pourtant, la moitié des carrières étudiées sont en activité, ce qui ne semble pas gêner les espèces pionnières.

"Le Grand-duc cohabite avec le bulldozer sans problème mais c'est vrai qu'il est nocturne et qu'il dort quand le chantier est en activité", fait remarquer Bernard Frochot.

D'une façon générale, "les animaux s'adaptent très bien au bruit, comme c'est le cas dans les aéroports et en ville où on trouve même des faucons", souligne-t-il.

Et quand l'exploitation est terminée, "la pression humaine sur ce milieu tombe presque à zéro, c'est un des grands atouts des carrières pour la nature", ajoute-t-il.

Lièvres, lapins, chevreuils et sangliers viennent alors s'y réfugier.

Les industriels du secteur estiment qu'ils contribuent ainsi à l'élaboration de la trame verte, ce maillage d'espaces naturels et de corridors les reliant afin de faciliter la circulation des espèces, voulu par le Grenelle de l'environnement.

"Les carriers ont compris assez rapidement qu'ils ne pouvaient pas violer la nature impunément", commente Allain Bougrain-Dubourg, président de la ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Mais "la difficulté, c'est que les exploitants ne sont pas toujours maîtres de la situation, souvent le permis d'exploitation du site est donné par un propriétaire qui peut décider de le transformer ensuite en base de loisirs par exemple", explique le président de la LPO.

"Nous poussons à la roue propriétaires et exploitants pour qu'ils se tournent vers la biodiversité", en laissant le site retourner à l'état naturel. "Mais on ne gagne pas à tous les coups, on ne peut pas résumer que la carrière est une chance pour la biodiversité", nuance-t-il.

Source: AFP - Emmanuel ANGLEYS via Yahoo

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