La question de l'emploi face aux violences conjugales en Seine et Marne

" Les violences conjugales constituent le premier frein à l’emploi des femmes, une sur dix étant victime de violences mentales ou physiques en moyenne sur une année. On doit trouver des solutions adaptées pour qu’elles retrouvent le marché du travail », confie Nicole Crepeau, présidente de la fédération nationale Solidarité femmes, qui préside avec le préfet de Seine et Marne, Michel Guillot, le séminaire régional sur l'insertion professionnelle des femmes victimes de violence conjugale qui se tient à l'IUT de Senart Fontainebleau du 12 au 14 novembre.

L’objet de ce séminaire est de présenter le résultat d’expérimentations locales visant à apporter des réponses concrètes pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle. En effet, depuis 2001 (enquête ENVEFF commanditée par le Gouvernement) nous savons, qu’en France, une femme sur dix est victime de violence conjugale, frein majeur à leur parcours professionnel. Cet événement réunira notamment des représentantes des Préfectures et sous-Préfectures, des Ministères de la Justice et de la Cohésion sociale, des élues des collectivités locales ainsi que des professionnelles de tous les corps de métier concernés par cette thématique.

Problème. A tous les niveaux, les professionnels de l’emploi, les services sociaux, les associations et les entreprises sont encore peu sensibilisés aux bonnes pratiques d’accueil des femmes battues. « Pendant trois jours, nous avons invité une centaine d’entre eux afin de leur expliquer la situation et les recettes pour leur insertion sur le marché du travail », confie Hanitra Andriamandroso, chef de projet au Relais Sénart. Une association spécialisée depuis 1985 dans l’accueil des femmes en difficulté, référence nationale de ces problèmes.

Didier Thomas, directeur de l’ANPE, évoque un exemple flagrant de détresse. « Voilà un an, j’ai vu débarquer dans nos bureaux une femme en sang ! J’ai lu la panique dans ses yeux. Elle m’a expliqué qu’elle cherchait un emploi pour sortir de cette violence. Heureusement j’étais déjà sensibilisé à ce problème. Elle n’avait pas de formation. En quarante-huit heures, on lui a trouvé un petit boulot. Depuis deux mois, elle est aide-soignante. »

Claudine Carabasse, conseillère en insertion professionnelle de la mission locale Seine-et-Loing, enfonce le clou. « J’ai été formée en juin. Et depuis j’ai repéré quatre femmes battues d’une vingtaine d’années. Il faut décrypter leur langage, les convaincre d’en parler.C’est un gros travail. » Justement Hanitra annonce « d’autres actions concrètes à partir du mois prochain. Le 19 décembre, nous organisons un séminaire pour les conseillers des ANPE de Nemours, Montereau et Fontainebleau. On va aussi sensibiliser le monde du travail, en constituant un groupe d’employeurs engagés dans cette lutte. Il faut savoir que les violences conjugales ont des conséquences économiques, avec 37 % des arrêts de travail. Suivront une charte des bonnes pratiques, une cartographie des contacts, etc. »

Déjà, au tribunal de Fontainebleau, Isabelle Thery Gaultier, procureur adjointe et coprésidente du programme local Pro-Victima, souligne que des efforts ont déjà été entrepris, chiffres à l’appui. « En 2007, on a enregistré 350 procédures de violences conjugales, contre 334 en 2006. Les services de police et de gendarmerie sont formés pour un meilleur repérage de ces actes. J’ai notamment réclamé la remontée systématique des mains courantes, quand les femmes n’osent pas encore porter plainte. En cas de procédures graves, on fait tout pour que la femme reste à son domicile et que des mesures d’éloignement soient prises pour son compagnon violent. »

Source: Le Parisien et http://www.solidaritefemmes.fr/

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